Témoignages
Dany est un homme jovial et toujours blagueur. On ne voit pas au premier coup d’œil qu’il a dû traverser de grandes épreuves. C’est à St-Élie-de-Caxton, le soir du 5 avril 1989, à l’âge de 23 ans, que la vie de Dany a basculé. Lui qui travaillait dans divers domaines : comme laitier, sur les toitures et même comme camelot, a vu sa vie transformée à jamais.
Un accident, aussi bête que n’importe lequel, l’envoya à l’hôpital. Passager de la motocyclette de son frère, il voulut bien lui signifier de ralentir à l’entrée d’une courbe, mais fut expulsé de cette dernière à une vitesse dépassant les 100 km/h. Emmené par son père, à l’hôpital de Shawinigan, il était déjà dans le coma. On le transféra alors à Trois-Rivières. Dany y passa 29 jours inconscient. Il fut ensuite admis pour 8 mois en réadaptation à l’hôpital Cooke. En 1990, il s’en alla en résidence d’accueil durant 6 mois, tout en faisant de l’ergothérapie à InterVal. Dany, à la suite de complications, retourna à l’hôpital Cooke pour une durée de deux mois.
Il demeure depuis ce temps dans une autre résidence, d’où il s’évade parfois, depuis 1997, en allant à son chalet de St-Élie. Cela est possible grâce à un tour de force qu’il a réalisé à grand coup d’efforts, ravoir son permis de conduire en 1996.
Depuis 2019, Dany fréquente les plateaux des Ateliers de la Fondation TCC. Il aime bien taquiner l’équipe et les autres participants, c’est sa manière d’y mettre de l’ambiance! « Ça me sort de la maison et ça me tient occupé! Ça me sort de mon isolement et je vois du monde! »
Denis c’est un homme travaillant sur qui on peut compter. Âgé dans la fin de la cinquantaine, il aime faire différents petits travaux d’entretien. Il est toujours disponible pour donner un coup de main.
À l’âge de 23 ans, Denis travaillait sur une ferme. Il faisait le trajet entre le travail et la maison en moto, depuis seulement trois jours, quand il a eu son traumatisme. Il a tenté de faire un dépassement, mais aveuglé par le soleil il a presque fait un face à face. Denis a heurté la mobylette qu’il dépassait en voulant rentrer dans sa voie. C’est à ce moment que sa vie a basculée.
Durant son coma de trois mois, il a dû être opéré d’urgence afin d’éviter la paralysie complète. Il habite aujourd’hui à la maison Martin-Matte de Trois-Rivières et apprécie beaucoup participer aux plateaux de travail des Ateliers de la Fondation TCC.
Depuis plusieurs années, il apprécie le côté social de son travail, en plus de faire quelques sous. C’est d’ailleurs en partie avec ses économies qu’il a pu s’acheter un air climatisé et un vélo électrique qui le rend très fier!
François avait 12 ans quand lui et plusieurs membres de sa famille ont été impliqués dans un grave accident de la route. Un train routier a dérapé dans une tempête hivernale et a frappé leur véhicule. Le jeune homme, aujourd’hui dans la fin de la trentaine, s’en est sorti avec un traumatisme crânien sévère et souffre de surdité dans une oreille.
François se souvient qu’à son réveil c’était difficile de se réadapter à l’école, dans une classe spécialisée pour les jeunes en difficulté. François ne s’y sentait pas à sa place. François aime son occupation sur les plateaux de travail où il est très apprécié. Il aime beaucoup faire du vélo. C’est d’ailleurs son principal moyen de transport.
C’est un adepte des jeux vidéo. François est très heureux de pouvoir avoir son propre appartement à la Maison Martin-Matte. De plus la maison Martin-Matte se situe près d’une piste cyclable, ce qui est plus pratique pour se rendre aux plateaux de travail.
Mario avait 20 ans en 1981 et était travailleur horticole à St-Étienne-des-Grès au moment de son premier accident. Par une belle soirée d’été, Mario ne s’est pas méfié et a été imprudent au niveau de la vitesse. C’est alors qu’il circulait, à près de 100 km/h dans une zone de 50, que ce dernier a perdu la maîtrise de son véhicule. Dévalant une côte à toute allure, sa petite automobile termina sa course en fauchant des poteaux de clôture. En plus d’un traumatisme crânien, Mario subit un déplacement du bassin et eût un genou endommagé.
Malgré cette épreuve, Mario pu continuer à travailler dans son domaine jusqu’à son entrée au Cégep de Trois-Rivières en 1985. Après avoir complété un DEC en Sciences humaines, Mario continua de travailler chez Provigo, où il avait initialement un emploi étudiant. Il y fit carrière pendant 17 ans, soit jusqu’à sa fermeture définitive. En parallèle, il eut des jumeaux en 1991, avec sa conjointe de l’époque. Mario occupa quelques autres emplois et, en 2015, fut victime d’une chute apparemment anodine, sur une fine couche de glace. Sa tête tomba lourdement sur le sol… C’était l’accident de trop.
Fatigabilité, difficulté à s’organiser, à s’affirmer et maintenir ses décisions, Mario n’était plus le même. Même les moindres choses du quotidien étaient devenues pour lui une montagne. Il s’en suivit un diagnostic médical d’invalidité.
Il y a quelques années, l’intervenant, qui offrait du soutien à Mario, le mit en contact avec les services de l’Association des TCC et ceux des Ateliers de la Fondation TCC. Il se sentit immédiatement interpellé par le volet travail offert aux membres. Aujourd’hui à l’aube de la soixantaine, Mario se sent bien lorsqu’il vient nous voir!
« Venir sur les plateaux me permet de voir du monde, faire du social et faire quelques sous. Ça me permet de me réaliser et de me valoriser. J’apprécie beaucoup le fait de pouvoir m’organiser de manière indépendante et de retrouver de l’autonomie dans le cadre de mon travail. »
Natacha, âgée 29 ans, avait une ébénisterie à la maison, en plus de deux enfants, avec son amoureux, était conseillère de son village, travaillait au festival des 5 sens et était serveuse au restaurant Les Retrouvailles. Bref, elle mordait dans la vie à pleines dents.
C’est le 28 octobre 2012, au retour tardif d’une soirée, à 4 h du matin, en partance de St-Maurice vers Parisville, que le drame se produisit. Natacha s’endormit au volant, alors qu’elle était tout près de l’arrivée.
Transportée d’urgence à l’hôpital Ste-Marie de Trois-Rivières, elle demeura plongée dans le coma durant 25 jours. Elle commença ensuite sa réadaptation à InterVal, une réadaptation de 7 mois, où il fallut tout réapprendre. Son couple ne survécut pas à cette tragédie, vous savez, on n’est plus exactement la même personne après un tel impact.
À la suite de sa réadaptation, Natacha demeura dans cinq ressources différentes, au cours des 5 années suivantes. Elle fut ensuite prête à relever le défi de retourner en appartement de manière autonome, pas tout à fait seule quand même, car Belle et Gaston, ses deux chats, l’accompagnent dans son quotidien et ses enfants viennent parfois la visiter.
Dès la fin de sa réadaptation, en 2013, elle se met à fréquenter notre organisme. En 2017, s’ajoute du bénévolat à la friperie Nouveau Départ, tous les vendredis. Son côté artiste, puisque peintre à ses heures, et son faible pour la couture ne sont sans doute pas étrangers à ce nouvel engagement.
Ce qu’elle aime des plateaux de travail, c’est le côté social, le contact avec les gens, l’entraide envers ceux qui ont plus de difficultés. « Ça apporte des petits plus en dedans. »
Elle aime bien profiter de l’heure du midi pour amener Alain, un autre participant, nourrir les écureuils, au parc non loin, ou encore, s’occuper de quelques plants de légumes en période estivale. Avec des projets plein la tête, un horaire bien rempli, et une créativité qui s’exprime dans sa joie de vivre, on peut dire que Natacha mord de nouveau dans la vie à pleines dents!
Avant son accident, Nicolas avait réussi un diplôme d’études professionnelles. Il occupait un très bon emploi d’opérateur de machines industrielles, dans une grosse entreprise.
Nicolas a eu un accident de voiture une semaine après son dix-huitième anniversaire. Il a dû éviter un chevreuil dans une courbe. L’auto s’est retrouvée renversée dans une rivière. Les occupants d’un chalet sont intervenus rapidement et ont pu appeler les secours. L’accident s’est produit dans une région éloignée, mais par un heureux hasard il y avait une ambulance dans un village voisin. Les premiers répondants ont pu arriver sur les lieux en dix minutes au lieu d’une heure.
À la suite d’un coma de trois mois, le jeune homme a dû réapprendre à parler, manger et marcher lors de sa réadaptation. Après tous ces efforts, Nicolas s’est donné le défi de réapprendre à faire du vélo. Il tombait et se relevait sans cesse, et ce, sans se décourager.
Aujourd’hui, ce qu’il aime le plus faire dans la vie c’est de voyager à Cuba chaque année, avec ses parents. Nicolas aime depuis toujours, aller au chalet familial en forêt où il peut faire du quatre roues avec son père. Il y fait aussi du kayak et va à la chasse et à la pêche. Nicolas se sent bien en forêt. Il a même fait l’acquisition d’un terrain tout près du chalet familial, situé au bord d’un lac. Son rêve est d’ailleurs d’y construire son propre chalet.
Résident de la Maison Martin-Matte de Trois-Rivières, Nicolas aime bien son boulot aux Ateliers de la Fondation TCC, ça lui fait voir du monde en plus d’empocher quelques dollars pour se gâter!
Patric était encore tout jeune lorsqu’est survenu son accident. Ses parents n’oublieront jamais cette journée où ils avaient enlevé les petites roues de son vélo, il n’avait alors que 4 ans. Gonflé de fierté et impatient d’en faire la démonstration à une amie demeurant à quelques rues de chez lui, il monta gaiement en selle et partit seul, malgré le refus de son père à cet égard.
C’est au moment où il revenait chez lui que tout a basculé. Inexpérimenté et ne sachant de quelle façon manœuvrer un vélo qui prenait dangereusement de la vitesse, Patric ne fut pas en mesure de freiner lorsqu’il arriva au pied d’une pente où se trouvait un panneau d’arrêt. C’est à cet instant qu’un camion le frappa de plein fouet…emportant avec lui la douce enfance de Patric. Il fut alors immédiatement transporté à l’hôpital de l’Enfant-Jésus dans la région de Québec et fut pris en charge par l’équipe médicale. Trois mois plus tard, lorsqu’il sortit de son coma, Patric fut transféré au Centre Cardinal-Villeneuve où il débuta sa réhabilitation. Ayant subi un traumatisme crânio-cérébral sévère et affligé d’une paralysie partielle, il dut réapprendre à parler, à marcher et à accomplir tous les petits gestes du quotidien qu’il avait acquis depuis sa naissance.
Patric fréquenta ensuite une école spécialisée, car son traumatisme crânien avait laissé derrière lui des séquelles importantes. Il avait des difficultés d’apprentissage, une concentration de courte durée, une perte de mémoire et des difficultés d’élocution. Étant donné un retard académique grandissant, Patric se tourna alors vers les plateaux de travail. C’est à ce moment qu’il débuta un stage à la Vannerie, milieu valorisant lui permettant de confectionner des objets variés tels que des corbeilles en osier. Depuis plusieurs années, Patric habite en famille d’accueil, un milieu de vie bienveillant où il se sent bien. Il fréquente également le plateau de travail de la fondation TCC de Victoriaville, car il aime occuper son temps et se sentir utile.
René avait 44 ans lorsque son accident est survenu. À l’école aux adultes dans la région de Victoriaville, il était en voie de terminer son secondaire cinq, bien décidé à poursuivre ses études au Cégep de La Pocatière, où il souhaitait suivre une formation en Technologie des procédés et de la qualité des aliments. Il était à vélo lorsque le drame s’est produit. Au retour d’une réunion, le 14 septembre 2012, il entra en collision avec un autre cycliste. Ce dernier, aveuglé par les phares d’une voiture et en état d’ébriété, fonça directement sur René, qui ne put éviter l’impact. Projeté violemment sur la chaussée, il fut transporté à l’Hôtel-Dieu d’Arthabaska, où il sombra dans le coma.
Il reprit connaissance huit jours plus tard, après avoir été transféré à Trois-Rivières. C’est à ce moment qu’il réalisa les dommages causés par l’accident et les séquelles importantes auxquelles il devrait faire face. Le traumatisme crânio-cérébral moyen qu’il avait subi entraîna de multiples fractures, dont une de la mâchoire, de l’épaule, des sinus ainsi qu’une paralysie partielle du visage. Plus de deux mois de réhabilitation furent nécessaires avant de pouvoir retrouver une certaine autonomie et un appartement bien à lui.
René aurait des projets plein la tête si ce n’était de sa nouvelle réalité et de sa santé oculaire précaire. Souffrant d’une rétinite pigmentaire inversée, il a dû se rendre à l’évidence et mettre de côté certains projets. Il se sent néanmoins chanceux de ne pas avoir perdu l’usage de ses jambes, ce qui lui permet une plus grande autonomie. Son arrivée au plateau de travail de la fondation TCC en 2015 fut pour lui grandement bénéfique. Sa participation active au sein de l’équipe lui procure une stabilité, de la confiance en soi et lui permet de tisser des liens avec les autres membres de la fondation ainsi qu’avec les intervenants du milieu.